Fatima SISSANI
97 minutes, 2022
Le plan d’Aou, au nord de Marseille, est un quartier bien joli avec sa vue imprenable sur la rade de l’Estaque. Ça ressemble à un quartier résidentiel bien tranquille avec ses immeubles à trois étages et ses petites maisons de ville, sa belle médiathèque en pierre naturelle. Le quartier a été presque entièrement détruit et reconstruit.
La belle carte postale.
Mais à part l’apparence du quartier, il n’y a pas grand choses qui a changé : le deal continue de miner le quartier. Ni l’échec scolaire ni le chômage n’ont été résorbés. Et le désenclavement n’est pas au rendez-vous. Au contraire, la rénovation urbaine a aggravé la situation en fragmentant le quartier et en délitant les liens de solidarité qui s’étaient tissés pendant quarante ans.
C’est ce qui se raconte dans ce film, par des voix de femmes de différents milieux et générations. Allant bien au-delà de la rénovation urbaine, elles racontent, analysent, dénoncent l’hypocrisie des politiques menées dans les quartiers populaires.
Née en Algérie, Fatima SISSANI vit en France depuis l’âge de 6 ans. Après un DEA en droit qu’elle achève avec un mémoire sur les causes de la guerre civile en Algérie dans les années 90. Elle fait ses débuts à la radio, notamment sur les ondes de France culture.
En 2011 elle réalise « La langue de Zahra », son premier documentaire cinématographique qui lui a valu plusieurs prix. Ce film propose un regard singulier sur l’immigration algérienne. En 2014, elle achève « Les gracieuses ». En 2017 « Résistantes », est distribué en salles. Ce documentaire revient sur la colonisation et la guerre d’Algérie à partir du récit de trois femmes, agents de liaison du FLN.
Installée à Marseille depuis cinq ans, elle a mis en place un ciné-club féministe dans un quartier nord de Marseille. C’est là que ce film sur la rénovation urbaine a commencé. Elle aime dire que sa patrie c’est l’immigration qui est bien plus que tout ce qu’on peut en dire. « C’est une belle carte postale… » est son quatrième film.