de MariaNovella CARNIANI
23 minutes, 2017
Je reviens de loin. D’une expédition qui me tenait à coeur, aux confins de l’enfance, dans ce pays dont nous sommes tous issus et qui disparaît inexorablement dans les brumes, tandis que nous voyageons vers nos âges mûrs.
Ce voyage, c’est aux côtés de Johannes Dimpflmeier, que je l’ai fait. La première fois que je l’ai vu, il se tenait devant moi, tandis que sa main serrait la mienne maladroitement, je croisais son regard bleu et malicieux qui fuyait déjà vers des terrains de jeu, des pays de cocagne et des cieux étoilés comme seuls les enfants savent dessiner.
Je l’ai accompagné dans son univers de rêves et de jeux, j’ai partagé avec lui de longues journées dans son atelier dans la campagne romaine, peuplé par des créatures étranges et ludiques. Sous mes yeux, Johannes a donné vie à des oeuvres bizarres, en partant d’un bout de bois, d’un fil de coton, d’un morceau de fer, comme le ferait un enfant sur les routes de l’imagination.
En Johannes plusieurs personnes cohabitent : l’enfant ébahi, l’artisan aux mains savantes, le scientifique prodige, le musicien d’avant-garde, l’artiste curieux et poétique. Je reviens de loin.
De retour d’un voyage au coeur d’un homme qui joue, très sérieusement…
MariaNovella CARNIANI est une anthropologue italienne, basée à Marseille depuis 2015.
Elle s’occupe du rapport entre anthropologie et art contemporain et poursuit des recherches d’anthropologie visuelle sur les pratiques des artistes, avec un approche ethnographique et la méthode de l’observation participante.
Son premier court-métrage, « La fabbrica di sguardi » (25 minutes), est un documentaire sur la vie et le travail au coeur d’une communauté d’artistes en Toscane, produit et distribué par Mediateca Regionale Toscana Film Commission en 2009.
En 2013, elle a réalisé « Kolam, kalam: in viaggio tra Parigi e l’India del Sud » (50 minutes), un documentaire autoproduit sur les croisements et les appropriations entre art contemporain en France et art rituel en Inde. Sur le même sujet elle a publié l’article « Kolam, kalam e arte contemporanea. L’appropriazione nelle prospettiva dell’agency » (en Visual Ethnography, vol. 4, n. 1. 2015).
Actuellement elle travaille comme assistante au montage pour le réalisateur Malek Sahraoui, sur un documentaire sur le partage entre les trois religions du Livre. Elle est auteur, traducteur et co-éditeur, avec Riccardo Putti, du livre « A&A: antropologia e arte contemporanea », en cours de publication avec Pacini Editore, Pisa, pour l’année 2017.
