de Romain FLEURY
52 minutes, 2020
L’Égypte est un don du Nil, on s’en rend compte encore aujourd’hui en remontant son cours depuis Rosette, où il se jette dans la Méditerranée, jusqu’à Abu Simmel, où il quitte le territoire égyptien, pour entamer son parcours soudanais. Les berges du Nil sont recouvertes d’une très épaisse couche de limon déposée par la crue depuis des millénaires. Aujourd’hui encore, beaucoup d’Égyptiens vivent sur ses rives. Comme à l’époque des pharaons, ils pêchent, ils captent l’eau du fleuve pour irriguer leurs champs, ils labourent avec un araire tiré de paisibles bœufs. Ces scènes vécues, aujourd’hui, par les Égyptiens d’aujourd’hui ont leurs doubles sur les parois des tombes et des temples de l’Égypte pharaonique.
L’Égypte ancienne a divinisé le Nil, devenu le Fleuve-Dieu, les parois des temples s’ornent de textes de louanges de scènes d’offrandes gravés en son honneur. C’est là l’intention majeure de ce documentaire, réinscrire le fleuve dans la construction d’une civilisation où le quotidien de chaque habitant passait par l’usage du Nil.
Le Nil apportait aussi son lot de force destructrice quand arrivait la crue. Dès le début de l’été, les scribes et les prêtres observaient la montée des eaux du fleuve, avec anxiété. Serait-elle bénéfique ? Trop faible : il fallait prévoir une année de famine. Trop forte : il fallait renforcer les digues pour éviter que les eaux du Nil n’emportent palais et temples. La vie nilotique ne se déroulait pas comme un long fleuve tranquille. Ses berges hébergeaient serpents venimeux, crocodiles et hippopotames et autres animaux dangereux.
Aujourd’hui, avec la construction du Haut Barrage d’Assouan, le Nil a été privé du bénéfice agropastoral de ses crues, il a dû écrire une autre histoire. L’Égypte ne vit plus au rythme de la crue annuelle. Les paysans font maintenant trois récoltes par an, ne craignent plus les morsures des cobras et les attaques de sauriens. Mais ont-ils tout oublié pour autant ? Ont-ils réellement changé de conception de vie ?
Romain FLEURY est auteur et réalisateur de documentaires. Passionné d’histoire, il a récemment réalisé un documentaire sur la Première guerre mondiale et un autre, sur Mayotte. Il est par ailleurs auteur et réalisateur de plus de soixante-dix documentaires consacrés à la nature ou à des sujets de société. Parmi les derniers : « Les Schindlers Turcs : les oubliés de l’Histoire » (2018), « Solognots » (2018), « D’amour et d’eau fraîche » (2017), « Les vieux fusils » (2016), « Mayotte : la française ? » (2016)…
