de Anaïs MERAD
2 minutes, 2020
Dans “Tiek ça”, Anaïs Merad, réalisatrice de 25 ans, invite à la rencontre des quartiers populaires de Marseille à travers un format hybride de stories-documentaires inspiré des codes d’Instagram.
Une immersion dans les fragments et éclats de vie du quotidien de Nair, fondateur du collectif Maison Blanche (13014) et manager du groupe de danse Afroteam qui s’apprêtent à revivre un confinement à la cité. Ensemble, ils s’attèlent à la préparation d’une distribution de colis alimentaires destinée aux plus démunis, sans pour autant mettre un frein à leur passion pour la danse.
Lounseny Soumah est né à Conakry en Guinée. Après avoir vécu quelques années à Paris, il emménage à Frais-Vallon, cité HLM du 13ème arrondissement de Marseille où il grandit. Artiste polymorphe particulièrement actif, il n’a pour limite que son ambition. Entre ses heures de cours à l’école Kourtrajmé Marseille et sa casquette d’assistant réal, il multiplie les moyens d’exprimer sa créativité à travers la photographie, la musique et le cinéma.
À la cité, véritable vivier de talents où l’art et la passion deviennent le sésame d’une ascension sociale, il s’insurge contre les prisons mentales qui limitent les libertés artistiques et professionnelles des jeunes.
Légionellose, invasion de cafards, punaises de lit, panne de chauffage, infiltrations d’eau, humidité… à Air Bel, ce sont plus de 7 000 habitants qui souffrent du mal-logement. Jugée abandonnée par les bailleurs, cette ville dans la ville est aujourd’hui désertée de tous commerces, de parcs pour enfants, d’animations, de vie… mais pas d’espoir. L’espoir ce sont les gens comme Djamila qui le portent.
Accompagnée de Hadayet, Kader et Norredine, avec qui elle forme le collectif Il fait bon vivre dans ma cité, elle veille sur les affaires de la cité comme une louve veillerait sur sa meute, avec comme seul moteur : la rage. Celle d’avoir perdu un frère mort de la légionellose, de voir le quartier dans lequel grandissent ses enfants dépérir, d’assister à la résignation des habitants impuissants face à la précarité qui sévit tous les jours un peu plus.
Achim, artiste rappeur, a grandi à la Castellane. Surnommé La Cité interdite ou encore Chicago, le quartier du 15ème arrondissement s’est bâti une sensible réputation dans les médias français et internationaux qui l’érigent en monument de misère sociale et théâtre de violences urbaines. Pour Achim, la Caste, c’est le souvenir d’un immense terrain de jeu. Terrain de rêves aussi. Plus jeune, quand il ne s’époumone pas des heures durant à jouer au foot et au basket, il se dévoue corps et âme à son unique obsession : la musique. Ce graal auquel il consacre ses études dans l’audiovisuel, ses longues heures travaillées au Mcdo, ses économies réparties entre séances de studio et et tournage de clip. La cité et son vécu deviennent le terreau de son inspiration, retranscrits avec poigne dans des textes pertinents.
Née à Marseille en 1996, Anaïs MERAD est journaliste et réalisatrice. Diplômée de l’IEP d’Aix-en-Provence, elle fait ses premières armes aux côtés de Philippe Pujol, prix Albert Londres 2014, pour son documentaire “Péril sur la ville” (Arte).
Soucieuse d’élever les voix de ceux qui n’en ont pas, elle raconte la réalité des quartiers populaires marseillais à travers le prisme des habitants dans “Tiek ça”, sa première œuvre documentaire réalisée pour France 3 PACA.