de Fabrizio GALATEA
53 minutes, 2018
La dame de la bonne mort (Femina Accabadora) était une femme qui pratiquait une ancienne forme d’euthanasie : un acte de charité à l’égard du mourant, destiné à mettre fin à ses souffrances, c’était souvent le mourant lui-même qui demandait l’intervention de l’Accabadora afin de se libérer de ses tourments.
Un rituel appartenant à la tradition sarde qui puise ses racines dans la nuit des temps et dont on retrouve les traces jusque dans les années soixante. Un acte violent mais nécessaire pour la survie des familles appartenant en particulier aux classes sociales les plus défavorisées, qui étaient dans l’incapacité d’assurer, dans la durée, le financement des soins dont le parent avait besoin.
Très longtemps occultée et niée par une culture catholique qui l’assimilait à une meurtrière, la figure de la Femina Accabadora appartient à la légende; elle s’est emparée de l’imagination populaire au même titre que les vampires de la Transylvanie.
L’aura mythique qui enveloppe cette figure légendaire apparaît petit à petit dans les récits directs faits par des témoins oculaires qui, enfreignant la loi du silence et la censure qui étaient de mise jusqu’à aujourd’hui, trouvent désormais le courage de raconter qui étaient les dames de la bonne mort, où et comment ces dernières vivaient, quelles étaient les motivations qui les poussaient à accomplir l’acte ultime, quel était leur rapport avec la religion, la manière dont elles étaient perçues par la communauté, la manière dont le rituel se déroulait.
En traversant les paysages baignés de lumière de la Sardaigne accompagnés d’images d’archives sur le sujet en grande partie inédites, nous plongeons en compagnie des personnages dans les zones d’ombre d’une culture millénaire, dans un contexte où le rapport à la mort est aussi naturel que le rapport à la vie.
Fabrizio GALATEA est né à Turin en 1968. Il est réalisateur et l’un des fondateurs de la société de production Zenit Arti Audiovisive.
Après une maîtrise en histoire du théâtre, il suit en 2002 à Paris la formation ‘Réaliser un documentaire à l’INA’ où il a tourné « Partition de voyage ».
En 2012, il a réalisé son premier long-métrage documentaire « Murge, the Cold War Front », lauréat de deux prix au PriMed – le Festival de la Méditerranée en images 2014.
Il a créé des oeuvres multimédia, des documentaires et des installations pour des expositions d’art (Peggy Guggenheim Collection, MACRO, Museo Correr, Fondazione Roma, Palazzo Fortuny, Palazzo Strozzi, Louvre, Gallerie d’Italia/Intesa Sanpaolo, Fondazione Ferrero).
En 2018, il a réalisé un documentaire sur l’artiste Agostino Bonalumi.