de Christine DELORME
40 minutes, 2008
‘La légende posthume d’Ousmane Sembene résiste. Il n’est fait mention que de l’homme politique, engagé, militant comme s’il n’avait jamais eu ni famille, ni femmes autour de lui, faisant de lui un homme solitaire, préservant ainsi l‘image qu’il s’était forgée. Quand je réalise cet entretien en 1992, Ousmane Sembene vient de terminer le film ‘Guelwaar’, tiré d’un fait divers, qui traite d’un conflit au Sénégal qui oppose les deux communautés catholique et musulmane à propos de la disparition d’un cadavre. Parle-moi des femmes de Guelwaar, lui avais-je demandé. Une femme ou les femmes ? m’avait-il répondu. Rétrospectivement, le plus saisissant dans cet entretien est la présence d’Ousmane, la conscience qu’il a d’être habité par l’histoire de l’Afrique et la force créatrice qu’il tire de la tradition orale. Comme artiste, il s’inscrit dans la communauté à laquelle il appartient : ‘Je suis un conteur, un artiste qui essaie d’exprimer à haute voix les pulsations secrètes de son peuple.’
Christine DELORME n’a pas le sens de l’orientation. Avec un DEA de sociologie de l’école des Hautes Etudes, elle se retrouve au Nord de l’Europe – aux Pays-Bas où elle est reporteur pour Radio Nederland. C’est là qu’elle découvre le Sud, son cinéma et son architecture. Elle collabore à différentes revues. De retour en France où elle est née (Lyon), sa rencontre avec l’écrivain et cinéaste Ousmane SEMBENE aiguise son regard. Dans les émissions de radio qu’elle réalise pour France-Culture et dans ses films documentaires, son regard explore les phénomènes sociaux qui secouent les villes en mutation et la singularité, l’enjeu et la gestation de tout ce qui est à l’œuvre dans les soubassements de l’acte créateur (architectes, peintres, cinéastes, producteurs, danseurs).