de Antonio FERRARA
61 minutes, 2020
Les Siciliens de Tunisie vivaient la Tunisie, non comme un pays étranger, mais comme partie intégrante de la Sicile.
Au XIXème siècle, il fallait au moins une journée de voyage entre Syracuse et Palerme, alors qu’une seule nuit suffisait pour rejoindre la Tunisie.
Et c’est ce que nous racontent ici les Siciliens : leur Tunisie, leur pays natal, leur enfance, leurs racines…
Certains sont toujours incrédules, par moments encore soulevés d’indignation devant l’injustice et la perversité dont ils ont été victimes, devant l’engrenage auquel leur attachement à leurs deux pays les a empêchés d’échapper.
D’autres ont tourné la page et évoquent calmement la terre de soleil de leur enfance, retrouvant et faisant revivre pour nous le quotidien et le bonheur disparus.
Tous sont authentiques, spontanés et assez ouverts sur le monde pour témoigner sans se laisser emporter par la colère, l’amertume et le regret.
Ils ont en commun non seulement un passé intense et tumultueux et le souvenir de l’art de vivre de l’époque, mais aussi la culture qui en est restée.
En toute confiance, ils nous font entrer dans l’intimité de leurs vies et dans celles de leurs parents.
Ils font défiler devant nos yeux fascinés des coups de foudre et des fugues nocturnes, des familles terrifiées par la Mafia et des frères chargés de contrôler leur sœur, des fuites en Amérique, des batailles et des camps d’internement, des billets doux cachés trouvés et des parents qui renient leurs propres enfants, des Tunisiens qui parlent le sicilien mieux que les Siciliens et des jeunes gens trahis par l’État en Sicile comme en Tunisie…
Après le pire, ils nous racontent le meilleur de la nature humaine : l’amour, le courage, la droiture, la spontanéité, des étés de rêve sur les plages, les fêtes et la complicité toutes communautés mélangées, jusqu’à la solidarité et l’estime au-delà de l’appartenance nationale…
De leurs récits émerge une forte énergie et un écho inattendu au fond de nos coeurs, tant ils touchent à l’universel dans leur simplicité.
Avec eux, nous vivons, nous palpitons, nous espérons contre toute logique, et quand l’onde de mer les emporte à jamais loin de leur Tunisie bien-aimée, leurs visages, la musique et notre émotion continuent de voguer encore longtemps dans notre esprit et notre coeur.
Né en Sicile en 1966, Antonio FERRARA déménage en Vénétie après son baccalauréat pour étudier les Sciences Politiques.
Il se passionne d’abord pour le théâtre (4 spectacles et plus de 40 représentations en Italie et en France) et l’organisation de spectacles de musique et de danse.
Auteur compositeur musical, il est longtemps leader d’un groupe.
Aussi créatif en cuisine que dans le domaine artistique, il tient un café des auteurs et invente de nouveaux plats, inspirés de ses racines siciliennes.
En 2014, il découvre le cinéma et devient rapidement auteur, réalisateur, monteur, mais aussi, acteur et producteur.
Il compte aujourd’hui neuf courts métrages à son actif, ainsi que des ateliers cinématographiques dans les écoles.