de Andrea SEGRE
84 minutes, 2013
La crise d’aujourd’hui est d’abord identitaire et puis économique.
Elle est séparation, désorientation.
Les cultures européennes ont été sacrifiées à la consommation standardisée et à la poursuite de la richesse.
On nous a fait croire qu’en finir avec la pauvreté matérielle permettrait de s’évader de soi.
Vivre à nouveau aujourd’hui la pauvreté, sans conscience de soi, est un vertige insoutenable.
Notre documentaire est un moment dédié à l’écoute de notre propre absence. C’est la conscience de vivre en manque d’air, de sens, de perspective.
Pour le réaliser nous nous sommes promenés tels des flâneurs, tels des vagabonds dans le lieu symbole de la crise, la Grèce endettée : en suivant les mots, les pensées et la musique des rebetes, les chanteurs de rebetiko, le blues grec.
Le rebetiko est une musique née du désespoir d’une crise ancienne (la fuite de Smirne) et elle constitue l’identité moderne de la Grèce, charriant avec elle la douleur de l’exil et la rébellion face aux violences de l’histoire. C’est une musique contre le pouvoir, non autorisée, illicite.
Les rebetes sont porteurs de cette identité, dont aujourd’hui ils célèbrent des funérailles aux relents de défaite, de rébellion désespérée et d’espoirs silencieux.
Leurs concerts et leurs paroles emplissent les tavernes nocturnes d’Athènes et de Thessalonique, effleurent les mots écrits sur les murs, écoutent le bruit de l’eau dans les ports et croisent le chemin de Vinicio Capossela, musicien et voyageur qui tisse ses notes avec les pensées de son journal de voyage, le tefteri.
Ainsi la Grèce devient l’Europe, sa crise la nôtre et le rebetiko le chant vivant d’un peuple à découvert d’espoir.
Andrea SEGRE est né en 1976. Il a suivi des études en sociologie de la communication à l’Université de Bologne. Depuis plusieurs années, il s’engage dans la coopération internationale et dans des projets interculturels en Italie, Europe de l’Est, Méditerranée et Afrique de l’Ouest. Il a écrit et réalisé plusieurs documentaires, dont les derniers sont: « A Sud di Lampedusa » (2006), « la Mal’Ombra » (2007), « Come un Uomo sulla Terra » (2008), qui a remporté en 2009 le Grand Prix « Enjeux Méditerranéens » pendant la XIVème édition du Prix International et du Reportage Méditerranéen, « Magari le Cose Cambiano » (2009), « Il Sangue Verde » (2010), « Io sono Lì » (2011) et « Mare Chiuso » (2012).