de Rana ABU FRAIHA
73 minutes, 2017
En pleine nuit, mes parents ont quitté notre maison dans le village bédouin musulman de Tel Sheva, où je suis née, pour partir d’installer à Omer, une ville juive voisine, où j’ai grandi.
Pendant plus de vingt ans de vie dans la ville, nous avons été profondément intégrés avec l’hégémonie blanche d’Omer. Nous avons construit une villa parfaite avec une piscine, nous étions convaincus d’être comme tout le monde autour de nous, jusqu’au moment où on a diagnostiqué un cancer du sein à ma mère et qu’elle exprime un souhait sans précédent : être enterrée en tant que musulmane dans le cimetière juif de la ville.
Dans le monde arabe, musulman et masculin, où vit Rodaina, il est interdit aux femmes d’assister aux funérailles. Elle espérait qu’en accomplissant son souhait, ses trois filles pourraient marcher avec elle lors de son dernier voyage.
Mais dans la société juive, il n’y a jamais eu de précédent d’un enterrement partagé d’Arabes et de Juifs. Son souhait a déchiré la famille et soulevé de sérieux dilemmes, sur l’identité, l’appartenance, la féminité et le sens d’être chez soi.
Rana ABU FRAIHA est née en 1990. Elle est réalisatrice et photographe.
Elle a étudié au département d’architecture et au département des arts, spécialisation vidéo, à l’École des Beaux-Arts de Bezalel à Jérusalem.