de Mélodie TABITA
48 minutes, 2016
Je suis partie au Maroc, sol de mon père mort pour voir l’endroit où il est né.
Je retrouve El Ayachi son frère, à Aïn Kadous, le quartier de Fès où il vit. L’oncle paternel allait devenir mon passeur, le Stalker de ce voyage me permettant de remonter à la terre mère de mon père, dans un petit village du Rif près de Taza. Pour faire ce voyage, la caméra serait mon véhicule – ma caméra-véhicule. J’ai filmé pas à pas cette route, ce douloureux face à face avec ce pays, ces gens, cette famille si proche et si lointaine. C’est en cherchant à regarder ce qui m’était étranger comme si ça m’était familier et ce qui m’était familier comme si ça m’était étranger que j’ai pu tenir et tenir le cadre. Là bas, j’ai éprouvé une violence terrible, quand on ne comprend rien, que l’on ne peut rien dire. Là où je suis née, en France, c’est aussi là où mon père a tu sa langue maternelle : l’arabe. Cette langue que je ne parle pas puisque mon père ne me l’a pas donnée.
Mélodie TABITA est vidéaste. Après un Master en cinéma documentaire à l’Université de Provence, elle travaille comme assistante montage et preneuse de son sur des films documentaires. Elle collabore avec l’anthropologue et cinéaste Christian Lallier en tant que preneuse de son et assistante de réalisation sur un terrain de 18 mois pour son film documentaire, « L’élève de l’Opéra ».
Après cette expérience, elle termine le montage de son film documentaire, « Avec le frère de mon père mort ». Elle travaille actuellement sur son deuxième film documentaire, « La maison et la route – Avec le frère mort de ma mère » et à l’écriture d’une nouvelle, « Le veilleur de nuit – celui qui reste ». Elle a également participé en tant que preneuse de son sur les deux dernières anthropologies filmées du Lab’AF – Laboratoire d’anthropologie filmée.