de Souad MOUCHRIK
11 minutes, 2021
Le film nous offre une tranche de vie plutôt qu’une intrigue : un portrait, celui de Fatna. Elle a tout donné à ses enfants, c’est la mère absolue. Marocaine, sourde et analphabète elle s’est toujours battue pour avoir une vie digne. Sans honte, sans ressentiment, sans peur et sans angoisse. Elle tente de transmettre à ses enfants ce qui lui reste de son Maroc natal ; elle vit en banlieue parisienne depuis quarante cinq ans. Tous les jours elle prie et regarde la télévision sans le son. Immuable répétition qui rassure ? Ce sont ses filles, le gynécée de Fatna, qui mènent le jeu et qui font front dans une existence où les épreuves ne leur ont pas été épargnées. Son courage les oblige à la redécouvrir comme une personne et non comme un simple décor de vie. C’est le film qui la rend sujet et non plus objet.
Après avoir été comédienne, Souad MOUCHRIK a repris ses études. C’est à cette occasion qu’elle a fait ses premiers films, et que son désir de filmer et de raconter son histoire de l’immigration maghrébine s’est affirmé. Ce sera une de mes quêtes de réalisatrice. Arrivée en troisième année de licence elle a été sélectionnée pour participer aux Ateliers de Réalisation et a réalisé un film “BABA O.S” ayant pour point de départ la carte d’usine de son père, ouvrier immigré marocain embauché à la fin des années 60 aux usines Chausson.
En première année de master elle a réalisé un autre court-métrage documentaire, “Haram”, où elle questionne ce qui continue à inspirer son travail aujourd’hui : l’appartenance à une double culture (française et marocaine) les tensions, clivages, risques d’enfermement mais aussi désirs d’affranchissement et ouvertures qu’elle implique.
