de Fethi SAIDI
100 minutes, 2016
Suite aux événements liés à la chute du régime de Ben Ali, des dizaines de milliers de Tunisiens ont pris le large dans l’espoir d’entamer une nouvelle vie sur l’autre rive de la Méditerranée. Depuis plusieurs années, des centaines de jeunes « harragas » sont portés disparus. Beaucoup de familles gardent la certitude de leur survie et continuent de réclamer des explications quant à la réalité de leur situation après leur débarquement en Italie.
La caméra nous emmène à la Cité Ennour, un des quartiers de la périphérie de Tunis, habité par des Tunisiens issus en grande majorité de la région de Kasserine. C’est dans cette région que vivaient la plupart des disparus et où une trentaine de familles souffrent de la disparition de leurs enfants partis sans laisser de nouvelles.
Le film nous plonge dans un contexte social qui continue encore à pousser des Tunisiens à quitter clandestinement le pays. C’est à travers le quotidien de deux personnages que nous immergeons dans la réalité du quartier.
Hamed, réparateur de télévision à la cité, est père de famille de quatre enfants, dont deux partis en Italie. L’un deux est porté disparu depuis mars 2011. Le film traite de cette absence du fils, dans la famille de Hamed, comme dans d’autres familles du quartier.
Mohamed, longtemps tenté par l’immigration s’est finalement résigné à rester au pays pour vivre de la collecte des déchets qu’il récupère dans la plus grande décharge publique de Tunis. Comme beaucoup d’autres habitants du quartier, il ne lui reste que cette activité pour pouvoir entamer sa nouvelle vie de famille après une adolescence partagée entre la collecte dans la déchetterie, la délinquance et la prison.
Fethi SAIDI est titulaire d’un doctorat en Sciences de l’Education et d’un Diplôme d’Etudes Approfondie à l’école du Cinéma Anthropologique et documentaire.
L’essentiel de son approche cinématographique consiste à écrire des histoires axées sur des personnages forts au plan dramatique dans des récits narratif sollicitant en permanence l’imaginaire et la réflexion du spectateur. Dans sa démarche de cinéma anthropologique, il filme souvent avec une équipe technique réduite, sinon seul, afin d’être au plus près de la réalité et des personnes.
Il est à la fois auteur, réalisateur et producteur de ses films dont « Amara », un documentaire qui raconte le quotidien d’un cireur de chaussure à Tunis. Dans « Séparations », il traite de l’expérience de la clandestinité d’un sans-papiers en France et le vécu de sa famille restée en Tunisie. Dans son film « Tunisiens des Deux Rives », il aborde les thématiques du militantisme associatif des tunisiens en France et la problématique des rapports que les associations peuvent entretenir avec les partis politiques.