Janvier 2015. Les premières rencontres professionnelles du documentaire organisées par 2M se sont tenues le 8 et 9 janvier. DocTalk a réuni les professionnels du cinéma (producteurs, réalisateurs, diffuseurs…) du monde du documentaire marocain et étranger, ainsi que les représentants des chaînes de télévision pour débattre autour de ce genre cinématographique.
Le documentaire de création est un genre qui dérange : «excellent baromètre de santé d’un pays et de son niveau de liberté», il vise à interroger la société, ses valeurs, son identité, mais aussi à aller à la rencontre d’un monde globalisé, pour analyser ses mutations et comprendre ses enjeux. «Culture pour tous, citoyenneté active, ouverture sur le monde», tels sont les mots de Réda Benjelloun directeur des Magazines d’Information et du Documentaire de la chaîne pour décrire l’objectif de cette case, et pour qui le documentaire est «une arme de culture massive puissante», «une arme de construction massive» dira même Ahmed El Maanouni, Président de la chambre marocaine des producteurs de films.
Si le documentaire reste le parent pauvre de la fiction, l’évolution du secteur en moins de 10 ans reste néanmoins très encourageante et «les 1ers indicateurs sont très positifs» déclare Hind Saih,présidente du Fidadoc, festival international du documentaire à Agadir, en ajoutant que le Maroc est un pays d’histoire et de récit où l’exercice du documentaire peut facilement trouver sa place. Consciente de l’importance du documentaire en tant qu’outil d’éveil et de citoyenneté consolidant l’identité plurielle d’un pays, la chaîne a veillé à accorder une place
dans sa grille des programmes à ce genre cinématographique, notamment à travers Des Histoires et des Hommes, rendez-vous incontournable du dimanche soir en prime time depuis 2012 et parti-pris quasi inédit dans
toute la zone sud.
Les documentaires présentés jusque là ont soit marqué les esprits à l’instar Des Murs et des Hommes de Dalila Ennadre, Transes de Ahmed El Maaouni ou encore 475, Trêve de Silence de Hind Bensari, soit valu un procès au directeur de la chaîne dans le cas d’Hercule contre Hermes, et parfois même provoqué des sit-in devant les locaux de 2M après la diffusion du documentaire de Kamal Hachkar, Tinghir – Jérusalem par exemple; mais tous témoignent d’une même volonté de présenter des documentaires de création, avec de réels points de vue, de vraies histoires et un sens
de l’esthétique certain.
Des documentaires qui partent du réel pour l’interroger et le questionner mais aussi pour le romancer et le fantasmer, créant ainsi un véritable cinéma du réel. Réda Benjelloun défend aussi ces «échappées belles» de la programmation : des documentaires imparfaits dont personne ne veut mais qui sont le produit d’un regard
neuf et d’un rapport immédiat à l’image et au récit, quasi empirique, qui sont parfois d’une justesse rare, comme dans le cas du documentaire palestinien de Khaled Jarrar, The Infiltrators, boycotté par de nombreuses chaînes
occidentales et que seuls les marocains ont eu la chance de pouvoir regarder chez eux.
Ahmed El Maanouni n’a pas manqué d’ailleurs de souligner le besoin de créer une case «essais et recherches» pour les jeunes qui selon lui, sont «le vrai terreau de la création documentaire
Source: 2M